Ma première approche est le collage. Je collectionne des vieux journaux d’où je sors sans réfléchir des images que je laisse parler entre elles. Leurs imbrications spontanées se révèlent par une recherche instinctive d’une lumière, d’une couleur ou d’une forme. Les images collées, faisant souvent référence à l’histoire de l’art ou autres allusions sociétales, déterminent des sujets inconscients et fournissent une base d’explorations multiples. Les fragments d’images télescopées génèrent des associations d’idées.

Je colle en empruntant des méthodes dadaïstes utilisant la violence et le cynisme, l’humour ou l’ironie. Le choix d’un angle, le dépouillement, le décentrage de la composition, le tronçonnement des éléments vont à l’encontre des prescriptions classiques. La perspective est interrompue par des inter-cadrages et des jeux de permutations surréalistes.

Je me réapproprie ensuite le collage chargé de cette multiplicité d’histoires nouées en intervenant avec les médiums de la peinture à l’huile et du pastel gras. L’ajout de zébrures libres balafrant la surface de l’image ou la confusion des images me mènent à un combat acharné avec les éléments. Jusqu’à torturer les personnages, je les contrains à se poser pour laisser place au sujet, à l’histoire globale. Illustrant notre monde remué, traversé par ces forces de l’invisible, confondu entre passé, présent et futur, entre illusion et réalité, le sujet est restitué par l’assemblage de ces dualités d’existence, par l’unité de ces ambivalences.